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ecritures du monde par chantal serrière. ← articles plus anciens 21 janvier 2018 , par chantal serriere arundhati roy, la voix si douce d’une femme infiniment libre et déterminée librairie kléber opéra de strasbourg, samedi 20 janvier 2018 15h elle est là, arundhati roy, la star indienne de l’engagement auprès des oubliés, la passionaria des « petits riens « , la muse des inconsolés, à qui elle dédie son dernier roman « le ministère du bonheur suprême » . dans le halo de lumière blanche qui nimbe les trois protagonistes de l’interview, elle est au centre, fine, pâle, l’auréole de ses cheveux d’ébène et d’argent la grandissant, sobre et pourtant somptueuse. elle porte une longue robe noire que couvre un léger manteau de drap violacé. ses avant-bras sont parés de manchettes en tissus aux ramages noir et blanc, énigmatiques, comme de larges bracelets de chiffon. eclat furtif à sa narine droite lorsqu’elle tourne la tête. a jean-luc fournier , qui lui demande si son roman est une arme contre les régimes autoritaires, elle répond, de sa voix mélodieuse et douce: – non, bien sûr. un roman est quelque chose de bien plus beau qu’une arme. je ne souhaite pas que mon roman soit une arme. se sent-elle investie d’une responsabilité, au même titre que noam chomsky aux etats-unis ou naomie klein, au canada, en tant que leader d’une contestation des systèmes et choix politiques en place? -non, en aucun cas je ne souhaite être leader politique. noam chomsky et naomie klein sont mes amis, c’est sûr. et j’ai été souvent approchée par des partis contestataires en inde, par exemple, mais je me rends compte que la politique est malheureusement toujours oublieuse du social. et c’est avant tout ce qui compte pour moi: qu’on prenne en compte les oubliés de la société. ecrire, pour moi, sert à cela de façon plus efficace que de se plier aux codes de la politique. elle parle de son indignation devant le massacre de musulmans en inde , et des hijra , hermaphrodites que la société rejette tout en les craignant car ils ont, dit-on, le mauvais oeil et les tuer porte malheur!! quant à savoir si son oeuvre la met en danger , elle dit en avoir justement pleinement conscience, mais ne veut pas s’étendre sur le sujet, sachant que d’autres ayant bien moins de moyens qu’elle pour se protéger, risquent également leurs vies au quotidien en raison de leurs engagements. elle dit aussi que ses écrits sont minimisés par le pouvoir et qu’ on raille publiquement ses prises de position. mais elle n’est pas dupe devant le succès de ses livres traduits dans les langues minoritaires en inde, par exemple, et qui se vendent en nombre de plus en plus grand. pour livrer un instant le rythme de l’écriture de son nouveau roman, elle lit le prologue en anglais (sans demander à l’interprète de traduire). a nouveau sa voix douce pour dénoncer dès les premières pages (en français sur ce blog) « a l’heure magique où la lumière survit au soleil…l’absence des vieux vautours à dos blancs…empoisonnés au diclofénac « … »le ton est donné. féminité, douceur, talent littéraire sont si éloignés de la séduction, encore plus de la soumission ou pire, d’une quelconque abdication! la vie est un combat qui n’a de sens que parce qu’il se livre pour l’autre, différent de soi, étrange, invisible ou dérangeant, une infime participation au monde « en devenant peu à peu tout ». publié dans livres | marqué avec arundhati roy , hermaphrodite , ijra , inde , le dieu des petits riens , le minsière du bonheur supême , mélanie klein , noam chomsky | laisser un commentaire 24 décembre 2017 , par chantal serriere pour adèle, petite soeur de félicité, dont le coeur simple et gros comme ça, s’est arrêté de battre elle aurait pu s’appeler félicité, comme la servante au cœur simple de flaubert dans ses « trois contes » , mais elle n’appartient pas au patrimoine littéraire. elle naît en 1921 à mothern , un très vieux village proche du rhin, à l’extrémité nord-est de l’alsace, là où s’est déroulé -c’était il y a bien longtemps, au ix° siècle- la rencontre de deux rois, charles le gros et louis le jeune, organisant le partage de l’empire de charlemagne. ce n’est donc pas un village ordinaire. un peu oublié aujourd’hui des chroniques, le nom mothern a pourtant ses secrets: peut-être renvoie-t-il à celui de la rivière moder, mais plus vraisemblablement, selon l’ancien maire antoine meyer, à l’image de la mère, ( mutter, en allemand) rappelant la présence des déesses-mère gallo-romaines. image de la mère. image intemporelle. issue de ce creuset maternel, la petite fille devenue grande, épouse alphonse bergantz qu’elle seconde dans leur entreprise de transports à mulhausen (un peu plus au sud) et devient mère de trois enfants: bernard l’aîné, hubert, le cadet, et entre les deux garçons, une fille, marilène. elle aurait pu s’appeler félicité parce qu’elle avait en commun avec le personnage de flaubert, la vraie simplicité du cœur, c’est à dire le don de soi sans calcul, ni détour. mais simplicité du cœur ne veut pas dire simplicité d’esprit. l’esprit était alerte, l’œil souvent malicieux qui traduit les mouvements de l’âme, et puis le sourire tendre et le front calme. elle aurait pu s’appeler félicité, également, grâce au sens livré par le participe passé, à savoir l’état de celui ou celle qui est félicitée, vantée, remerciée. la remercier, en effet, parce qu’elle était sage, si tendrement raisonnable, secourable, compréhensive malgré des convictions parfois heurtées par ce qu’apporte d’inattendu la vie, la sienne ou celle des autres. la féliciter parce qu’elle était accueillante, jamais importunée par le visiteur et encore, aimante, mais discrètement. discrète, si discrète. toujours tranquille même dans l’agitation d’un monde qui cherchait, comme il en est pour nous tous, mais en vain pour elle, à l’agiter. a l’heure où chacun est en quête d’apaisement de ce que l’on nomme mental, visant l’abaissement d’un égo toujours sollicité (ce redoutable petit hamster qui habite nos têtes, comme l’appelle le célèbre psy québécois, serge marquis ) grâce aux pratiques empruntées aux sagesses venant ailleurs, elle avançait pas à pas (ce qui ne veut pas dire sans difficultés) sur le chemin qui était ouvert devant elle. toujours conciliante et cherchant la voie moyenne, celle qui apporte la paix. jusqu’au bout du chemin. photo: marilène elle aurait pu s’appeler félicité parce qu’elle cultivait aussi le bonheur, la chance d’être au monde sans jamais se plaindre des aléas des jours. je la revois transmettant son savoir-faire culinaire, nous livrant ses recettes des fameux bredeles , ces petits gâteaux alsaciens qui embaument la maison pendant tout le mois de décembre, au beurre, aux noisettes, aux amandes, fourrés parfois de confiture ou de chocolat et dont la confection demande patience et jusqu’à l’art du joailler dans leurs assemblages. photo empruntée au site bredele ci-dessus elle disait: « les miens ne sont pas les meilleurs ». modeste, évidemment, mais gourmande. ah! le dernier plaisir du crémant, goûté à la petite cuiller, pétillant contre la langue et que marilène a partagé avec elle. rire ensemble comme deux gamines que la mort, pourtant toute proche, n’effraie même pas! photo:marilène son vrai prénom, qui n’a rien à envier à félicité, c’était adèle. un peu démodé dans les années 20, il revient au goût du jour. issu de l’allemand, « adel », il porte en lui l’idée de noblesse. tout simplement. . publié dans actualité , croquis , livres | marqué avec adèle bergantz , félicité , flaubert , marilène bergantz , mulhausen , transports bergantz , trois contes | 3 commentaires 24 novembre 2017 , par chantal serriere expo aida à strasbourg: comme l’insoutenable légèreté du vent sur le monde… galerie aida de strasbourg (130 grand’rue) du 23 novembre au 6 décembre : six artistes, quatre peintres et deux sculpteurs, qui parfois ne se connaissent pas et sont cependant comme rapprochés par la légèreté (forcément insoutenable) de l’être ou du temps! un souffle venu d’